Arthur Schopenhauer «Le monde comme volonté et comme représentation»
Sartre «La nausée»
La question qui nous réunit aujourd'hui part d'un constat évident : l'homme n'est pas fait pour vivre seul. Depuis des temps immémoriaux son existence n'a pris sens que dans la mesure où il a su- voire dû- tisser des liens avec ses semblables, ne fût ce que pour résister ensemble à la dureté des temps.
C'est, me semble-t-il, une évidence que d'affirmer que, fondamentalement, l'homme est animé par un instinct grégaire, qui l'a amené, volontairement ou pas, à tisser des relations avec l'autre, d'où la vie en tribu d'abord, en société industrialisée par la suite. Nous serions animés par deux tendances contradictoires: une tendance naturelle à la sociabilité, et une autre à l'individualisme, ce que Kant appelle «L'insociable sociabilité», et ce que Schopenhauer illustre joliment par l'exemple des porcs-épics qui se rapprochent les uns des autres pour se réchauffer, tout en marquant leurs distances pour ne pas être blessés par les piquants de l'autre.