Pour
répondre à la question,* : objets inanimés avez-vous une âme ?
Je
répondrai par une autre question : connaissez-vous le poète Francis
Ponge ?
Loin des fioritures, des élans lyriques et
autres lourdes métaphores, ce poète du début du siècle dernier s'est attaché à
faire la description minutieuse d'objets usuels, d’humbles créatures auxquels
il restitue leur dignité originelle. Un dépouillement de la forme, très
travaillée par ailleurs, qui n'exclut pas, tant s'en faut une sourde tendresse.
En voici un exemple, tiré du « proème »
L’orange : Comme dans l’éponge il y a dans l’orange une aspiration à
reprendre contenance après avoir subi l’épreuve de l’expression. Mais où l’éponge
réussit toujours, l’orange jamais…
J’aime ce regard précis, aigu, qui prend
son temps, sur les objets du quotidien : le poète comme le photographe de
l’exposition ont su nous réjouir par ce parti pris des choses. A l’heure de ces
confinements à répétition, quel joli voyage à portée de tous.
* Cette question m’est venue à l’esprit
après avoir consulté sur le site la rubrique « art » ;
comme Jean-Paul, je ne saurai trop vous recommander la visite de l’exposition
qui se tient actuellement sous les Voûtes du Port.
C E N T R E D’ A R T S P L A S T I Q U E S D E R O Y A N
L’Inquiétante Étrangeté
Pierre-Yves Bohm, Max Neumann, Daniel Pommereulle, Antoni Ros Blasco
Quels démons familiers cherchent les artistes lorsqu’ils se confient au silence de la peinture ? Quels états oniriques leur font concevoir d’inquiétants « objets de prémonition » ? L’art formule-t-il cette étrangeté du monde où ils croient reconnaître des « revenants » ? Des hantises sans visage ? Dans le réseau obsessionnel des signes qu’ils inventent, allons-nous, nous aussi, interroger nos pressentiments et nos superstitions ? Une pointe, un fil tranchant, un pointillé-clouté... raniment « les âmes errantes de la peinture » (Ros Blasco) et nos premiers émois.
Ces quatre artistes n’appartiennent à aucune école. On croirait pourtant qu’ils partagent bien des formes tutélaires et bien des feux sacrés. S’agit-il des frayeurs de l’enfance ? Aucun d’eux ne refuse de s’y brûler.
À la question que lui posait André Breton : « Qui êtes-vous ? », Nadja répondit, sans hésiter : « Je suis l’âme errante ». Sa réponse rimait ainsi avec la première phrase du livre : « Qui suis-je ? Si par exception je m’en rapportais à un adage : en effet tout ne reviendrait-il pas à savoir qui je "hante" ? »
Inauguration le samedi 13 février de 15h à 19h.
Exposition ouverte du vendredi 12 février au lundi de Pâques 5 avril 2021 inclus.
Peut-être la simple résultante d'une banale évolution
chronologique ?... Alors voilà : tout a commencé avec les grecs anciens.
Matérialistes en diable (...si j'ose dire...) ils ont simplement imaginé qu'à
chaque composante naturelle correspondait une divinité, un Dieu ou une déesse
«ad hoc» : Poséidon s'occupait des océans, Déméter des moissons, Dionysos
des vendanges, Aphrodite de l'amour, etc.... C'était pratique !